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Chroniques du Quotidien en J'aime/J'aime pas
17 février 2007

Les publicités philosophiques

Je n’aime pas les pubs philosophiques. Il y a quelques années, la pub gravitait autour du corps de la femme. Concept assez ringard aujourd’hui si l’on visionne de nouveau ces images de bikinis soutenant un dentifrice, de bikinis lavant notre linge ou contractant notre assurance. La société de moralité a bien fait son boulot.

Pourtant j’ai l’impression que ces jolis mannequins se sont transformés en éthique flamboyante, cachée derrière chaque pot de confiture. Achetez, ça vous rendra heureux. Et ne suivez que ces modestes maximes qui vous boulotteront l’encéphale jusqu’à plus soif dans notre certitude que vous êtes unique, votre certitude que nous sommes vous. Faites comme tout le monde, soyez vous-mêmes. Chantez, dansez, revenez à la nature puisque ces bikinis n’ont pas voulu de vous, et que vous n’en avez pas besoin dans un monde où vous êtes libres d’être heureux avec vos amis et notre cassoulet. Vivez, puisque être mère est un sentiment unique avec ce nouveau yaourt qui le défend mieux de l’intérieur, sans lequel vous ne lui voulez que du mal. Souriez puisque l’autre nous comble de joie de sentir bon la rose du Népal…

Sauf que l’autre n’est pas là, que le petit prend des coups à l’école et que mes amis sont moins drôles quand ils mangent du cassoulet. Je n’ai pas plus accès au bonheur qu’aux bikinis, même lorsque je partage les aliments qu’un brave paysan a tendrement sortis de terre avec ses propres mains, même lorsque je me badigeonne des plantes d’Amazonie sur le sourire, même lorsque ma banque est révolutionnaire et alternative.

Lorsque l’on ne me promettait que des bikinis je savais encore rigoler et regarder ma femme qui vieillissait sans soleil. Libre à moi alors de découvrir la tendresse sur notre canapé fripé. Maintenant qu’il est question de bonheur j’angoisse de ne pas vivre, de laisser passer mon temps sans y penser, profiter, relativiser et me remettre à zéro. Je suis terrorisé de ne pas réussir alors que l’on me donne tout, atterré à l’idée de n’avoir pas tout possédé, d’avoir ignoré mon capital santé, mon capital sourire, mon capital bonheur (sic !). Je souffre tout cela puisque désormais on me parle de ma Mort. Et ce qui la précède semble être mon immense Destruction.

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